4
La grande réunion

Rien n’allait plus à Upsgran. On ne parlait que de la malédiction qui s’était abattue sur Amos et de l’étrange mort de Lolya. Chacun y allait de ses suppositions et, malgré l’alibi de Médousa, les rumeurs de complot au sein de l’équipe du porteur de masques allaient bon train. Plusieurs chevaliers de Berrion avaient imaginé un maléfice envoyé d’outre-tombe par Barthélémy. Même mort, l’ancien seigneur de Bratel-la-Grande inspirait toujours la peur.

Pour faire taire les commérages et trouver des réponses aux mystères qui planaient sur le village, Junos avait convoqué un grand conseil où siégeaient Gwenfadrille du bois de Tarkasis, Minho le roi minotaure, les trois souverains vikings, l’oracle des oracles de la cité de Pégase, Flag Martan Mac Heklagrœn, Yaune le démon, le chef de la délégation des kelpies, Nérée Goule de Volfstan, Frilla, la mère d’Amos, Geser Michson, Sartigan, Béorf et Médousa.

— Je vous ai réunis ici pour essayer de comprendre le drame que nous vivons actuellement, commença Junos. Votre sagesse à tous pourra sans doute faire la lumière sur cette malheureuse histoire.

Minho et le kelpie, tous deux installés au bout de la table, signifièrent qu’ils n’avaient pas bien compris ce que le roi du royaume des quinze venait de dire. Ces deux-là ne maîtrisaient pas très bien la langue des humains ; aussi, Béorf se proposa d’aller chercher ses oreilles de cristal afin de leur rendre la réunion intelligible.

— La reine est contente de savoir que tu possèdes encore le cadeau de Gwenfadrille, mais les oreilles de cristal ne seront pas nécessaires, déclara la reine des fées qui parlait toujours d’elle à la troisième personne dans les réunions officielles. Par son pouvoir, la souveraine à cette table accorde à tous le don des langues afin que chacun partage ses idées et propose ses solutions. Le charme sera rompu lorsque l’assemblée sera levée. Que votre langue se délie et que vos oreilles s’ouvrent… Parlez maintenant !

— Respect pour la reine des fées, dit Minho.

À ses côtés, le kelpie s’ébroua deux fois et tout le monde comprit qu’il remerciait également Gwenfadrille pour ce cadeau inespéré.

— Bien, poursuivit Junos, nous voilà au cœur d’un drame que je n’arrive pas à comprendre. Faisons le point si vous le voulez bien ! Je résume les faits : ce matin, Lolya découvre Amos pétrifié tout près de la vieille forteresse des béorites ; elle avertit immédiatement un de mes hommes qui fonce me prévenir. Lolya disparaît ensuite et, à peine une heure plus tard, nous la retrouvons morte dans son laboratoire, mais sans aucune blessure apparente. Entre ses mains, Geser trouve un bout de papier sur lequel elle s’accuse d’avoir tué Amos…

— Mais…, lança Nérée Goule en se grattant la tête, Lolya ne possédait pas le pouvoir de changer les gens en pierre, c’est exact ?

— Je ne pense pas, fit l’oracle des oracles. Puis-je voir le bout de papier qu’elle a laissé ?

— Bien sûr, répondit Junos, tenez, prenez-le…

— Merci…, dit le vieil icarien avant d’examiner la façon dont les lettres y avaient été tracées. Hum… il est clair que Lolya était troublée, paniquée même… Je sens…, je sens une peine immense, comme un très grand désarroi ! D’après ce que je peux voir, elle se sentait coupable… très coupable.

— Mais comment a-t-elle pu s’accuser de ce qui est arrivé à Amos alors qu’elle ne possédait même pas le pouvoir de le pétrifier ?! continua Nérée Goule. Je veux bien croire qu’elle se sentait coupable, mais de quoi ?

— Pourrrtant, elle avait l’airrr, trrrès heurrreuse, hierrr soirrr, lorrrsque je l’ai surrrprrrise dans les brrras d’Amos !

— Que dites-vous, cher lurican ? demanda Gwenfadrille, intriguée.

— Je dis, grrrande rrreine de beauté, que j’ai vu Amos et Lolya se serrrer l’un contrrre l’autrrre surrr la plage d’Upsgrrran, hierrr soirrr. Elle venait de lui offrrrir un cadeau d’anniverrrsairrre…

— Sauf respect, dit Minho, quel était ce cadeau ?

— Je n’en ai aucune idée…, répondit Flag. Mais c’était dans un petit coffrrret en cuirrr… ou une petite boîte de bois, je ne me rrrappelle pas trrrop.

— Il s’agissait d’un petit coffret en cuir, précisa Sartigan, nous l’avons trouvé au pied de la statue. Nous l’avons examiné, mais il n’a rien révélé d’anormal.

— Nous serions fixés si Lolya pouvait nous dire elle-même ce qui s’est réellement passé, affirma Yaune le démon d’une voix profonde.

— Oui, cela me paraît évident ! approuva Junos. Mais elle est morte…

— La porteuse de la dague était en symbiose avec son arme, poursuivit le chevalier maudit. Celle qui a ouvert la porte des Enfers ne peut mourir que si les forces obscures le désirent.

— Sauf respect, démon, enchaîna Minho, comment redonner vie à ce qui est mort ?

— Je l’ignore, homme-taureau, admit Yaune, je sais seulement que c’est possible, mais je ne suis pas magicien.

— Bien que sa science soit très poussée, dit la reine des fées, Gwenfadrille l’ignore aussi…

— Mais pardi ! s’exclama Harald aux Dents bleues. Je ne connais personne qui puisse ramener les morts dans le monde des vivants ! Seule la petite Noire qui connaissait bien le monde des esprits…

— Moi… moi, je sais comment nous pourrions peut-être y arriver, l’interrompit timidement Médousa. Demandons-le directement à Lolya…

L’assemblée, incrédule, demeura interdite.

— Euh… c’est que… j’ai déjà assisté à une cérémonie où j’ai vu Lolya interroger un mort, continua la jeune gorgone. Nous pourrions tenter la même expérience ?

— En demandant à Lolya comment la ressusciter ? lança Béorf sur un ton mi-sérieux mi-amusé.

— En tout cas, je crois que ça vaut la peine d’essayer, rétorqua Médousa. Au point où nous en sommes, nous n’avons rien à perdre !

— Euh… bien…bafouilla Junos en cherchant du regard l’approbation de rassemblée. Disons que c’est une solution comme une autre !

— Si vous le permettez, ajouta la gorgone, je vais voir ce que je peux faire de mon côté pendant que vous continuez à discuter. Je vous tiendrai au courant…

— Très bien…approuva Junos.

— Alors, je l’accompagne ! fit Béorf. Elle aura peut-être besoin d’aide…

— Avec plaisir, répondit Médousa en se levant de son siège.

En se dirigeant vers la serre où se trouvait le laboratoire de Lolya, Médousa essaya de se rappeler ce que son amie lui avait enseigné sur l’utilisation des chandelles.

— Chaque couleur correspond à des caractéristiques bien précises, murmura-t-elle. Les blanches pour la divination… euh… et la force spirituelle, je crois… les noires pour… oh ! je ne me rappelle plus ! Ah oui ! Les noires servent à entrer en contact avec les esprits !

— Que radotes-tu là ? ! demanda Béorf qui suivait son amie de près.

— J’essaie de me rappeler quelques notions de magie, expliqua la gorgone. Le corps de Lolya est-il toujours dans la serre ?

— Geser et moi l’avons étendu sur son lit, il devrait y être encore…

— Bien ! Ensuite, il nous faudra trouver son grimoire…

Une fois dans le laboratoire de son amie, Médousa mit rapidement la main sur le précieux livre de magie et commença, en s’aidant des notes du grimoire, la cérémonie d’interrogation des morts. Comme l’avait déjà fait Lolya, la gorgone disposa un bon nombre de chandelles noires autour du corps de la défunte, puis coupa une mèche de cheveux de cette dernière. Elle les brûla ensuite et en mélangea la cendre à sa salive, ce qui créa une étrange mixture grise et malodorante.

— Es-tu bien certaine de ce que tu fais ? questionna le jeune chef d’Upsgran en fronçant les sourcils.

— Non, Béorf ! Je n’en suis pas certaine du tout ! C’est la première fois que je pratique la magie et je suis terriblement nerveuse !

— Veux-tu que je t’aide ?

— Bonne idée… Tu vois ces symboles dans le grimoire ?

— Oui, je les vois…

— En te servant du mélange de salive et de cendre que je viens de faire, tu vas reproduire celui-ci sur son front, ces deux-là sur ses joues et le petit dernier, juste ici, sur son menton. Pendant ce temps, je prononcerai les formules… Ah ! non ! J’ai aussi besoin que tu me trouves trois os de pigeon !

Béorf obéit sans poser de question alors que Médousa allait fouiller dans les ingrédients de magie de son amie. Finalement, munie des ossements requis, elle lut à voix haute quelques formules magiques, puis dispersa une fine poudre autour d’elle. L’apprentie sorcière brisa ensuite les trois petits os de pigeon et déclama :

— Trois os pour trois questions, trois réponses je veux… La voici, je ne la répéterai pas… Lolya, comment puis-je te ramener à la vie ?

À la grande surprise de Médousa et de Béorf, les lèvres de Lolya s’ouvrirent lentement avant de prononcer leur première phrase :

— Tu n’as qu’à m’ensevelir avec la dague de Baal et, à la prochaine pleine lune, je revivrai.

— Très bien, Lolya ! C’est noté…, répondit Médousa, excitée par son succès. Euh… ma deuxième question… euh… comment pouvons-nous ramener Amos à la vie ?

— La réponse se trouve au-delà des montagnes de l’Hyperborée.

— Bon… bon, fit la gorgone qui voulait un peu plus de précision. Et… euh… est-ce vraiment toi qui as pétrifié Amos ?

— Non, c’est Aylol.

— Aylol ?! s’exclama Médousa, mais qui est-ce ?

— Trois os, trois questions.

Lolya se tut et les bougies noires s’éteignirent d’elles-mêmes.

 

***

 

Amos reprit conscience et voulut pousser un terrible cri, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Toujours paralysé de la tête aux pieds, il était incapable de respirer, de voir, ni même de ressentir quoi que ce soit.

« Que m’arrive-t-il ? pensa-t-il en essayant de remuer ses membres. On dirait que je suis paralysé… et mes yeux, je… je ne vois plus rien ! »

Un frisson d’effroi lui glaça l’âme à l’idée qu’il ne pourrait peut-être plus jamais se mouvoir.

« Non, c’est impossible, se dit-il, pris de panique. Je ne sens plus mon corps ! Même mon cœur s’est arrêté de battre ! C’est noir… personne nulle part… je ne peux pas parler, ni bouger… non… ah non ! On dirait le grand hall de l’angoisse, l’une des portes d’entrée des Enfers ! Je ne suis pas retourné là-bas ?! Je ne veux pas, non ! »

Amos voulut hurler, mais encore une fois ses cordes vocales demeurèrent muettes. Il essaya de briser la rigidité de son corps en invoquant la magie des masques, puis, devant son échec, il concentra toutes ses forces pour faire bouger un seul de ses doigts. Rien à faire : la pierre demeura immuable.

« Il doit pourtant y avoir une solution…, songea-t-il. Tu dois te calmer, Amos… Tu dois te calmer d’abord et chercher à savoir ce qui a pu t’arriver. »

Un des enseignements de Sartigan lui revint alors à l’esprit. Le vieux maître lui avait souvent dit que la peur était une émotion nécessaire pour nous informer d’un danger potentiel.

— La peur nous permet de nous préparer afin d’affronter les choses ou les événements qui nous menacent, avait dit le sage. Par contre, même si tu as très peur, tu ne dois jamais céder à la panique parce que ce sentiment est, pour sa part, très nuisible. La panique nous distrait des situations périlleuses que nous devons affronter et met en jeu notre sécurité et celle des autres. Cet état empêche d’entrevoir l’évolution d’une situation, car il n’est qu’une accumulation de problèmes imaginés.

— Mais comment faire, maître Sartigan, pour éviter la panique ? lui avait-il demandé.

— Il faut que ton esprit prenne le dessus sur tes émotions, lui avait répondu le maître. Tu dois refouler profondément tes peurs pour laisser toute la place à la logique.

Amos se ressaisit un peu.

« Tout d’abord, pensa-t-il, je dois me souvenir de ce qui s’est passé… J’étais sur… sur la colline, juste en face de la vieille forteresse des béorites… Euh… je… Ah oui, Frilla… C’est cela, j’étais avec ma mère et nous écoutions le chant matinal des minotaures. L’air était frais, je me sentais très fatigué… puis Frilla s’est éloignée en me suggérant d’aller vite au lit. Mais je voulais… je voulais faire quelque chose avant de dormir… Mais quoi donc ? »

Devant les ratés de sa mémoire, un vif découragement envahit le garçon, et l’envie de hurler de colère le saisit de nouveau. Heureusement, il parvint à se contrôler et à éviter ainsi le piège de la panique.

« Ne cède pas à la peur, se répéta-t-il plusieurs fois avant de replonger dans ses souvenirs. Je dois me concentrer et trouver ce que je voulais faire avant de me mettre au lit… Je voulais… je voulais…»

Curieusement, c’est l’image de Lolya qui lui traversa l’esprit. Il la revit, blottie contre lui et impatiente de recevoir un baiser. Cette vision le réconforta, car, pour la première fois depuis qu’il avait repris conscience, Amos oublia sa paralysie et s’abandonna à la rêverie. Grâce à ces brefs instants de bonheur, le garçon réussit à se souvenir des deux pierres de puissance que lui avait offertes son amie.

« Mais voilà ce que je voulais faire avant de dormir ! Je désirais intégrer les pierres de puissance fabriquées par Lolya. Je me rappelle maintenant ! Dès que j’ai touché les pierres, j’ai vu mes mains se pétrifier, puis mon torse et mes jambes. Oui… c’est ça… j’ai à peine eu le temps de réagir que mon cœur et mes poumons se sont aussi figés et… et… mais alors, comment se fait-il que je sois toujours en vie ? Je devrais être mort… mais suis-je mort ? »

— Tous les morts se rendent à Braha, déclara soudainement une voix qu’Amos connaissait bien. Si tu n’es pas sur le bateau de Charon, c’est que tu dois être encore vivant…

— Sartigan ?! Maître ! C’est bien vous que j’entends ?

— Non, répondit la voix, ce n’est pas ton maître qui te parle, mais si tu cherches, tu trouveras bien qui je suis…

— Vous ai-je déjà rencontré ? demanda Amos.

— Nous avons navigué ensemble…

— Mais… mais je ne vois pas… De plus, j’ai déjà navigué avec tellement de gens que…

— Alors, laisse-moi te donner un indice, fit la voix. Il existe cinq éléments, et chacun de mes frères en représente un, tout comme moi. Magnus est l’eau ; Markus, la terre ; Morkus, le feu ; et Mikus, l’air. Moi, je suis l’éther.

— Mékus Grumson !

— Oui… et grâce à moi, il te sera possible de varier tes sorts et d’entrecroiser les éléments ! Comme je te l’ai déjà dit, c’est l’éther qui unit l’eau et la terre pour créer la boue ; il fusionne le feu et l’eau pour constituer la vapeur ; il combine l’air à la terre pour former la poussière et ainsi de suite, à l’infini.

— Mais… mais je ne comprends pas… Comme je ne possède pas encore toutes les pierres de mes masques de puissance, je suis dans l’impossibilité d’acquérir le masque de l’éther, non ? Et… et que fais-tu donc ici, Mékus ?

— Tu es prêt, Amos. Aujourd’hui, ton voyage commence…

 

Le Masque de l'Ether
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